» Ecstasy ;

« Sais-tu pourquoi il ne faut avoir ni amis, ni famille ? »

Tu caresses cette chair douce et rose ; si délicieuse. Ta main se resserre sur son cou fin et délicat que tu presses un peu. Elle pousse un gémissement inquiet, un cri de petit animal battu. Oh… Tu frémis d’excitation à l’idée de la frapper, de toutes tes forces. Pour qu’elle bleuisse sous tes coups, que sa peau se déchire, qu’elle prenne une teinte violacée, sanglante. Un tremblement te secoue violemment, mais tu résistes encore un peu. Il ne faut pas s’emballer, il faut prendre son temps. Tu sens cette colère sourde, incontrôlable : il faut que tu la brutalises. D’un geste, tu l’attrapes par les cheveux et la plonge dans la bassine. Elle n’a pas le temps de hurler que déjà l’eau entre dans sa gorge, elle s’étouffe, se débat. Ses vains efforts te font hurler de rire ; comment peut-on être aussi faible, tu te demandes. Et puis, finalement, au bout d’une minute qui parait interminable, tu relâches ton étreinte, la laisse s’échapper. Elle relève la tête brusquement, tousse, crache, essaie d’expulser toute l’eau qu’elle a avalée. Mais déjà son visage rejoint la surface de l’eau et s’y enfonce froidement. Tu la maintiens encore. Encore. Elle pense qu’elle va mourir. Mais juste avant qu’elle se noie, tu retires ta main. Respire. Plonge. Encore. Puis, lorsque tu sens qu’elle ne supportera pas une nouvelle plongée, tu t’arrêtes. Tu la laisse reprendre ses esprits. Doucement tu passes une main sur sa joue glaciale, tu la caresses comme pour la réconforter. « Est-ce que… Tu as peur ? » Mais disant cela, tu tournes tes yeux vers une autre personne. A l’évidence, elle, elle puait la peur. Mais lui…

Lui, qui sans un mot a regardé la scène.
•

Il faisait déjà chaud, trop chaud, aussi Juuji n’avait aucune envie de sortir. Pourtant, il en était de son devoir : il avait une mission. Cela faisait trop longtemps qu’il n’avait rien fait de concret pour Suna, lui avait-on fait remarquer. Il en avait pleinement conscience, tout comme il se doutait bien que faire deux trois choses pour le village lui garantissait la paix par ailleurs. Ces gens étaient étranges, cela dit. Ils étaient bien contents de ne pas le voir, mais exigeaient tout de même qu’il vienne de temps en temps. Ils avaient peur. Tout le monde avait peur. C’était d’une tristesse…
Toutefois, cette mission avait éveillé en Juuji un intérêt tout particulier. Il s’agissait de trouver un traitre. Son opinion sur la question était ferme et définitive : il fallait éradiquer cette race-là, ces hommes qui craignaient tant pour leur pauvre vie qu’ils trahissaient leur propre existence. Et, surtout, il fallait défendre Suna. Juuji avait encore besoin de ce village alors, coûte que coûte, il fallait le protéger.

Ainsi, il avait bravé la chaleur pour prendre en filature son homme. Il s’était changé pour l’occasion, jugeant plus raisonnable de ne pas se faire remarquer. Mais ce n’était décidément pas chose facile. Sombrement habillé, il avait beau être discret, il n’était pas senseur pour autant et encore moins Jedi. Allez expliquer à ces pauvres ploucs de Sunajin qu’ils arrêtent de faire une tronche de dix mètres de long quand il passait à côté d’eux. Peine perdue. Juuji parvint à suivre le traitre la journée durant tant qu’il était dans les grandes artères du village, mais dès qu’il fit un détour et passa dans une zone plus tranquille, c’en était terminé. Qu’il soit rentré chez lui ou allé rejoindre un rendez-vous, Juuji n’en saurait jamais rien. Tant cet homme l’avait remarqué et avait décidé de le semer… Dans ce cas, cela serait vraiment très problématique.
Ah… Juuji soupira longuement, adossé à l’angle de la ruelle où il avait vu pour la dernière fois son homme. Il n’y pouvait rien. S’il ne voulait pas se faire remarquer, il n’y arriverait pas. Pourtant, il avait besoin de preuves avant d’accuser et d’arrêter cet homme. C’était ce détail qui rendait cette mission largement ennuyeuse. Par ailleurs, cela commençait à l’agacer fortement. Il avait l’impression d’avoir passé la journée dehors à faire du babysitting, ce qui était encore pire qu’une mission d’escorte. Pourquoi ne pas simplement l’arrêter et s’occuper des preuves ensuite ?

« Uh. » Juuji eut un sourire mauvais. Qui le saurait ? De toute évidence, il saurait s’arranger avec sa propre conscience – il avait fait bien pire, il en était convaincu. Et puis ça n’était pas un cas de force majeur ? La justice n’existait pas pour les traitres. Il se redressa, s’étira, puis se remit en route : direction le magasin de fournitures qu’avait visité l’homme un peu plus tôt. Lui et le marchand semblaient bien se connaitre.

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« Issei ! Sauve-moi… »

Raaah ! D’un geste nerveux tu la frappes au visage. Tes ongles agrippent sa chair et sur sa joue se mêlent pleurs et perles de sang. « Tu vas arrêter maintenant ?! » Stupide femelle. Elle s’étouffe dans ses propres sanglots, ou alors n’est-elle pas tout à fait remise de sa séance de plongée. « Tu ne comprends donc pas ?! » Ta voix se fait plus douce. Tu t’es laissé emporter, mais tu ne dois pas la tuer. Elle est simplement un peu choquée, il faut lui laisser du temps. Tu t’accroupis devant elle et prends ses mains dans tes paumes froides. Elle n’ose pas te regarder, elle te trouve hideux. Alors, lentement, tu détaches ses liens, tu la redresses sur ses jambes et la serres dans tes bras, comme un amant. Elle n’a pas la force de te repousser. Tu lui murmures doucement, dans le creux de l’oreille. « Je sais que c’est difficile… Mais qu’attends-tu d’un homme comme lui ? Il nous a trahis, il a trahi Suna… Il t’a trahie. Rends-toi à l’évidence, quoique je te fasse, il ne dit rien. » Pauvre enfant… Mais tu n’as aucune pitié. « Il ne t’a jamais aimé. Tu n’étais qu’un instrument pour lui. » Et disant cela, tu la reposes sur sa chaise. Elle est libre mais elle se laisse faire, sans aucune résistance. Finalement, elle semble avoir compris, elle n’essaie plus de nier ce que tu lui dis, elle ne se débat plus. Pourtant, malgré cette victoire, tu n’es pas satisfait. A vrai dire, tu ne doutais pas de vaincre son esprit faible, mais ce qui te chagrine c’est que l’homme n’a toujours pas réagi. Jouait-il si bien la comédie qu’il ne l’aimait vraiment pas ? Tu fronces les sourcils. Même toi, pourtant, tu aurais juré qu’il l’aimait réellement… C’est d’ailleurs pour cette raison qu’elle est encore en vie. Morte, il serait devenu incontrôlable.

Pourtant, il ne disait toujours rien.

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« Ah, c’est pour ça… L’adresse indiquée sur le rapport ne correspondait plus. Il n’a pas dû la mettre à jour. Bon, eh bien, merci mon bon monsieur. Au revoir. » Juuji sortait du magasin, l’adresse du traitre en poche. Ce marchand avait été bien sympathique. Il fallait dire que le Sunajin avait su se montrer persuasif et le vendeur ayant un commerce à faire tourner, il voulait se faire bien voir. Il esquissa un large sourire. En réalité, Juuji avait bien plus que son adresse – chose qu’il connaissait déjà, au passage. Il tenait entre ses mains le moyen de tout faire avouer à ce bâtard : il avait sa femme. Il aurait aimé procéder autrement, mais il n’avait aucune envie d’offrir ses services ces temps-ci, aussi l’option qui consistait à faire un échange de services avec une pourriture du quartier ne l’enchantait guère. D’autant qu’en général, il s’agissait d’aller assassiner l’un ou l’autre paysan du coin qui n’avait rien demandé. Juuji n’était pas le dernier des connards et, surtout, ça ne l’intéressait pas.  

Il soupira longuement tandis qu’il prenait la direction du quartier résidentiel où avaient emménagé les deux tourtereaux. Comment allait-il s’y prendre ? A vrai dire, la situation n’était pas évidente. Il ne savait pas si la femme était au courant de quoi que ce soit. Il ne savait pas si elle était une infiltrée. Il ne savait pas s’il serait chez lui à cette heure-ci. Il ne savait même pas si ce type s’était marié pour sa couverture ou par amour. Devait-il simplement se présenter comme un ami ? Non, elle savait surement qui étaient les amis de son mari. Alors, un collègue de travail ? Ce n’était pas faux, après tout. Sur le papier.

Juuji ne se décida qu’une fois parvenu devant la porte de ces gens : tout était fermé. Ni femme, ni mari. C’était bien sa veine, il avait pensé à toutes les situations sauf la plus vraisemblable. Il eut un petit rire, tout hébété qu’il était de sa stupidité. Néanmoins, cela lui laissait pas mal de possibilités encore. Aussi, il examina la porte, puis le fenestron à droite de celle-ci. Ce dernier était bien trop fin pour le faire passer, il devait certainement remplir la fonction de Judas. Quant à la porte… Juuji évalua les environs. Non, il ne pourrait pas la forcer et la remettre tranquillement. La voisine d’en face pensait être discrète, mais il voyait son ombre tremblante derrière le rideau en dentelle. Alors, il recula d’un air dégagé,  et s’engagea de nouveau dans la rue. L’instant d’après, il n’apparaissait plus nulle part – il s’était posté sur le toit d’en face et attendrait que l’homme ou la femme se montre.

Il ne se s’était pas écoulé très longtemps avant que celle-ci arrive, les bras chargés. Elle avait visiblement fait quelques courses. Aussitôt, Juuji s’activa.
« Ogawa-shi ? Je vais vous aider. » Il saisit le paquet volumineux que la demoiselle essayait de faire tenir en équilibre sur sa cuisse tout en cherchant ses clés dans un autre sac. « Oh, merci… » répondait-elle tout en s’affairant. Ce n’est qu’une fois ses clés trouvées et sa porte ouverte qu’elle réalisa qu’elle ne connaissait absolument pas l’individu qui portait ses paquets et qui s’était adressée à elle comme s’il la connaissait par ailleurs. Néanmoins, Juuji avait déjà investi les lieux et gentiment déposé son chargement à l’intérieur. Elle le suivit, non sans étonnement. « Excusez-moi, qui êtes-vous ? » La porte se referma. Il lui sourit de la façon la plus aimable qu’il pouvait, ce qui ressembla aussitôt à un rictus étrange. « Je suis un collègue de travail de votre mari. » Il l’avait ouvertement observée de bas en haut, ce qui sembla la gêner un peu. Elle paraissait jeune ; ce devait être une belle femme. Néanmoins, elle n’était clairement pas shinobi. Juuji écartait déjà un certain nombre de possibilités de son esprit. « Nous avions rendez-vous pour une mission, mais il n’est pas venu. A vrai dire, j’espérais le trouver ici… »

« Que veux-tu que je lui fasse ? La même chose qu’à toi ? »

Tu peux lire dans ses yeux toute sa peur. Elle te regarde et semble te supplier de ne plus lui faire de mal. Tu t’approches doucement et lui sourit. « Chérie… Réponds-moi. » Elle déglutit, puis prononce finalement un non timide. Tu te redresses, réfléchis. « Alors quoi ? Pire que ce que je t’ai fait ? » Tu la regardes. Elle, elle le regarde lui. Ses yeux ont changé, ils n’ont plus la même lueur. Tu la contemples, tu prends plaisir à la voir lutter intérieurement. Elle ne veut pas faire de mal à cet être qu’elle a choyé. Et pourtant, elle le hait maintenant, elle le hait pour tout ce qu’il a fait. Elle a mal, elle est épuisée. Tu la vois céder tout doucement. Elle est brisée.
Lui aussi, il l’a perçu. Pour la première fois il a une réaction : il s’est raidit et la regarde fixement. Serait-ce… Une demande muette ? Une supplication ? Mais, finalement, elle détourne le regarde, puis hoche la tête. Il se relâche d’un seul coup, il semble triste, presque désespéré. Tout ceci devient très intéressant pour toi. Tu vas changer tes plans… D’un air enjoué, tu claques dans tes mains. Il faut changer le décor d’abord.

Tu les as disposés l’un en face de l’autre, debout. Il a toujours ses mains attachées, dans son dos, ainsi que les pieds liés. Elle est libre, mais elle n’est plus que l’ombre d’elle-même. Tu leur expliques alors… Les règles sont simples : elle doit suivre tes ordres. Tu lui donnes une pince et une lame fine. Et tes ordres sont simples. « Arrache ses ongles. »

•

Ah, ce bâtard courait vite. Malheureusement pour lui, il était stupide ; il fonçait droit dans un quartier que Juuji connaissait très bien. Qui plus est, la panique semblait troubler ses sens. A vrai dire, ce gars-là ne s’attendait certainement pas en rentrant chez lui à trouver Juuji assit dans un fauteuil, sa femme l’air abasourdie. Il ne s’attendait pas à ce qu’elle se lève précipitamment et se jette sur lui pour lui demander si tout ceci était vrai. Etait-il vraiment un traitre à la solde de Yuki ? Il avait nié en bloc, mais comme Juuji se levait, il avait choisi de fuir. En soi, cela constituait un aveu terrible.
Bientôt, la course-poursuite se transforma en battue. Le Sunajin prit alors du plaisir à orienter sa proie dans une rue plutôt qu’une autre, à se laisser distancer pour réapparaitre soudainement à l’angle. Et puis, quand tout ceci le lassa, car la nuit était proche déjà, il le fit converger vers un cul-de-sac. Le traitre devait être las, lui aussi, il fit volte-face et s’élança vers Juuji. Il voulait se battre ?! Ah, sérieusement… « Issei-san, laisse tomber. Si tu n’étais pas un traitre tu n’aurais pas fui… Rends-toi maintenant. » Mais, voulant jouer la carte de l’amitié, Juuji ne reçut pour toute réponse que le poing furieux de son interlocuteur. Il considéra un instant le traitre de Suna, hébété. Que venait-il de faire ?

Il essuya d’un revers son visage. Sur ses doigts, on pouvait voir une trace rougeâtre : du sang. Le picotement qui agitait sa lèvre meurtrie se propagea rapidement à tout son corps. Juuji para le nouveau coup que l’homme tentait de lui mettre et, bloquant son bras, il lui retourna un violent coup de pied qui atteint l’extérieur de ses côtes. Il sentait le sang lui monter à la tête ; son ouïe, troublée, ne renvoyait plus que le battement de son cœur qui s’emballait. Il espérait sincèrement que cette parade le dissuaderait de continuer, mais dès son souffle retrouvé, le gars s’élança de nouveau. Il voulait donc vraiment se battre… Quel type idiot. Juuji ne pouvait pas se calmer dans ces conditions. Un violent tremblement parcourut son corps. Le sang afflua vivement dans le cerveau de Juuji. Il avait beau lutter, c’était peine perdue ; ce gars voulait se battre.

Et Juuji allait… « Te tuer. »

Tu lui assènes un violent coup de poing. Mais ce n’est plus ton poing que l’on peut voir ; c’est un membre difforme, noircit, qui écrase ton adversaire avec brutalité. Tu n’es plus Juuji – tu es l’autre.

Le combat se conclut rapidement, il ne peut pas lutter face à ta férocité. Il git au sol, mais il est vivant. Tu l’attrapes, le secoue, lui demande d’avouer. Il refuse, nie, et cela te plonge dans une colère noire. Tu vas le tuer, immédiatement. Néanmoins, quelque chose te retient intérieurement. Tu réfléchis. C’est alors qu’une idée glauque te vient à l’esprit.

Tu as toute la nuit devant toi. Ce bâtard finira par avouer.

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Elle tremble, mais s’exécute. Elle défait ses liens, lentement, lui prend la main. Mais aussitôt qu’elle est proche de lui, il s’agite. Tu t’es placé en retrait exprès pour lui laisser assez de liberté. Tu veux voir qui va gagner. La femme trahira-t-elle Suna par amour ? Le traitre endurera-t-il toutes les tortures pour ses beaux yeux ? Tu jouis d’avance de la résolution ce dilemme. Tu as intimement parié sur la torture – tu veux qu’il souffre. Il lui parle, doucement. Il l’appelle par son prénom, tente de la raisonner. Il lui dit tout ce qu’elle aimerait entendre ; il n’a pas trahi, il l’aime plus que tout, il pense que ce type de Suna est un dangereux psychopathe. Mais elle ne le croit plus. Il lui dit qu’il ne veut pas finir ainsi, qu’il ne pourra pas le supporter. Il lui propose de fuir avec elle, loin de tout. Tu hurles de rire à ces paroles. Elle commence son œuvre. Ton rire se mêle au hurlement de douleur du type. Mais il a compris qu’il n’obtiendra plus rien de sa femme. Après tout, il aura tout essayé.

Le sang gicle soudainement, un corps tombe lourdement sur le sol humide. Tu regardes avec stupéfaction la scène. Il a le visage rougit par une gerbe de sang, il pleure silencieusement. Tout s’est passé très vite : il s’était saisi de sa main libre de la lame fine que tu avais confiée à la femme et, sans hésitation, il lui avait tranché la gorge. Tu n’avais pas parié sur cette fin-là, et pourtant tu ressens une immense satisfaction. Une morte. Tu t’approches pour mieux voir ce qu’il s’est passé. Brusquement, l’homme tente de reculer, mais, les pieds attachés, il tombe à terre. « J’avouerai tout. Laisse-moi, pitié... »

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Le réveil fut difficile, ce matin-là. Juuji se sentait épuisé comme s’il n’avait pas fermé l’œil de la nuit. Il s’étira douloureusement. Quelque chose clochait à vrai dire. Il y régnait chez lui une forte odeur de sang. Qu’avait-il fait ? Il se précipita sur ses habits de la veille. Du sang. Très vite, il se repassa la journée précédente dans sa tête. La mission, mais bien sûr ! La chaleur, la lassitude, la femme, la poursuite… Le trou noir. Il ne l’avait tout de même pas tué… Il ne pouvait pas avoir fait ça. Il avait une mission, il lui fallait des preuves, des aveux, qu’il sache pour qui il travaillait exactement. Il ne pouvait pas simplement l’avoir tué dans cette ruelle… La femme, il fallait qu’il aille voir sa femme. Elle était restée chez elle.

Il ne tarda pas à rejoindre la maison en question. Mais, arrivé là, il constata qu’on était arrivé avant lui. Il y avait là la voisine d’en face – celle des rideaux en dentelle – et d’autres voisins qu’il n’avait pas vu la veille. Soudain, sortirent de la maison deux Juunins qui, à la vue de Juuji, s’avancèrent vers lui. Il leur expliqua rapidement que le type qui habitait ici était sujet à une enquête. Ils hochèrent la tête et lui tendirent un morceau de papier. « Ta mission s’achève plus tôt que prévu. » Le Sunajin parcourut rapidement le papier qu’on lui tendait ; une lettre. Il rendit la chose aux deux types puis, sans un mot s’éloigna des lieux.
C’était une lettre de suicide. La femme d’Issei avait tout découvert. Il l’avait tué pour se protéger. Mais, honteux, écœuré, meurtri par la perte de cet être qu’il aimait sincèrement, il avait décidé d’en finir. Il expliquait ensuite brièvement son rôle dans l’espionnage de Suna et il confortait la thèse selon laquelle il travaillait bien pour Yuki. Affaire close.

Juuji ne savait pas comment se sentir. Avait-il fait quelque chose d’horrible, ou était-ce une simple coïncidence ? Pour soulager sa conscience, il laverait le sang sans trop y penser, et croirait dur comme fer qu’il s’agissait d’un hasard.